Vendredi 22 mai 16h30 - Bar de l’esplanade
Cette formule, délibérément provocatrice, a pour objectif d’ébranler les consciences :
il n’y a évidemment pas de pensée déterminée par un phénotype, et donc pas plus de
« pensée spécifique aux Noirs » qu’il n’y a de « monde blanc » ou d’ « intelligence
blanche », comme l’écrivait déjà Frantz Fanon, voici plus de 50 ans, dans Peau noire
Masques blancs.
Et pourtant : à force de se voir dénier, durant des siècles d’esclavage et de
colonisation, toute humanité, intelligence, culture, des femmes et des hommes à la
peau noire n’ont pu éviter — et n’ont cessé depuis — de réfléchir à leur condition : la
pensée noire, c’est bien d’abord « se penser noir » pour mieux se penser homme,
quand on vous a voulu objet , c’est donc livrer tout à la fois un témoignage et une
critique de toutes les formes de domination, qu’elles soient de race, de classe, de sexe
ou de genre.
La pensée politique des Noirs d’Afrique, des Antilles et de l’Amérique a ainsi
contribué à poser les fondements de la république, de la démocratie ; les féministes
noires ont, depuis l’esclavage, interrogé les formes sournoises d’oppression qui, par
delà les oppositions familières, structurent les rapports sociaux et familiaux ; les
écrivains africains, antillais, afro-américains ont, dans les langues européennes,
contribué à ouvrir le monde occidental sur l’autre, y compris en son sein...
Ce sont ces multiples dimensions qui seront abordées à l’occasion d’un débat où
Abdourahman A. Waberi, auteur en résidence à la boutique d’écriture& Co,
dialoguera avec trois contributeurs du hors série : Catherine Golliau, rédactrice en
chef du Point, Anthony Mangeon, maître de conférences à l’université Paul Valéry
(Montpellier), et Pap Ndiaye, maître de conférences à l’Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales (Paris)